lundi 13 août 2007

Poéme productif

Cadeau : aujourd'hui pas de photo, mais un poème.

C'est ici que je l'ai découvert :
http://beoufleboeuf.blogspot.com

Merci à son auteur, Beouf le boeuf.

"J'voudrais écrire des poèmes productifs,
des poèmes
super compétitifs,
des poèmes à gros rendement,
à moindre coût à forte rentabilité,
avec licenciement du personnel s'il le faut,
licenciement du personnel,
s'il le faut,
et délocalisation,
à moindre coût,
et j'écrirais des poèmes super compétitifs sur le marché,
et je présenterais plusieurs gammes de poèmes super compétitifs sur le marché,
j'écrirais des poèmes premier prix et des poèmes haut de gamme et des poèmes vachement courants pour toucher tout le monde sur le marché,
et je solderais mes poèmes de l'année précédente,
j'ferais des poèmes sans sucre ajouté et des poèmes sans sel, des poèmes super light et des poèmes bien gras, raffinés,
et j'mettrais tout ça dans des boites que je présenterais sur le marché,
des belles boites super compétitives sur le marché longue durée,
et je ferais aussi des poèmes surgelés,
des poèmes moyenne durée et des poèmes extra-frais,
j'écrirais des poèmes à consommer tout de suite, des poèmes tout prèts, des poèmes cuits en cinq minutes,
des poèmes super pratiques hypercompétitifs
et des poèmes périssables,
et on pourrait voir mes poèmes à bas prix de loin grace à de grosses pancartes clignotantes,
et puis je me délocaliserais encore un peu
je licencierais toujours du personnel et je ferais des grandes séries je serais super productif
j'écrirais un poème standart avec des options plein d'options et des versions limitées que j'exposerais sur les marchés,
et je dupliquerais mon poème standart et je le ferais dupliquer à moindre coût pour gagner des parts de marché et je serais coté en bourse avec mon poème
j'aurais des actionnaires avec mon poème
des actionnaires de mon poème
et je travaillerais l'emballage et je modifierais les options et j'engagerais du personnel et j'augmenterais mes actionnaires de mon poème et mes parts de marché,
tout en travaillant mes boites et mes surgelés,
et je calculerais la plus-value de mes poèmes,
que je présentrerais à mes actionnaires pour qu'ils restent actionnaires de mon poème de mes poèmes super compétitifs,
et super emballés avec leurs actionnaires,
des poèmes actionnaires
que je solderais s'il le faut,
que je vendrais à perte s'il le faut,
et j'ferais des poèmes à haut rendement,
à forte plus-value,
et je licencierais encore du personnel pour la plus-value existentielle,
et je me délocaliserais encore plus et je me spécialiserais dans les produits de luxe, de lexe, dans les poèmes léxèmatiques, les cosmétiques, les anti-nostalgiques, les produits dérivés, les poèmes anorexiques, les textes anti-mites, les bactériophobiques, les proto-névrotiques, méta-psychotiques, les
plein de trucs,
les
et j'essaierais d'avoir le monopole,
pour pouvoir faire ce que je veux,
et me racheter mon personnel et me congédier mon personnel et me faire des parachutes en or
avec ma plus-value existentielle,
et mes poèmes labelisés,
babelisés à haut rendement,
et j'aurais une vraie petite entreprise qui écrirait des poèmes et qui fonctionnerait et qui serait productive qui serait très productive
et je vendrais mes poèmes bon marché
et mes poèmes seraient rentables et attractifs pour les actionnaires
et je serais content,
je suis sûr que je serais content,
avec toute ma plus-value
et mes actionnaires,
et mes poèmes."

in http://beoufleboeuf.blogspot.com/2006/09/jvoudrais-crire-des-pomes-productifs.html

Un type comme ça qui a parfaitement pigé Edgar Morin (poésie et prose), ne le laissez pas passer!

2 commentaires:

Emanille a dit…


Dommage qu'il ne "savisse" plus apparemment !!
Celui-ci me plaît bien aussi !!


Maintenant je suis un oiseau.
Je jure que je suis un oiseau. Alors je vole.
Je suis sûr que je vole.
D’ailleurs, je vole.
Je vole.
Je vole.
Je vole.

Là.
Comme ça.
Je prends mon élan.
Je cours je cours je cours.
Je bas des ailes.
Je bas des ailes en même temps que je cours.
Je bas des ailes. Je bas des ailes.
Comme ça.
Avec mes bras.
Mes bras qui battent dans l’air.
Mes doigts tendus.
Je bas des ailes en courant.
Je cours. Je cours. Je cours comme un con.
Je cours comme un gros con et j’bas des ailes avec mes bras.

Je cours. Je cours. Je cours de plus en plus vite.
Et j’bas des ailes de plus en plus fort.
Avec mes bras.
Mes doigts tendus.
Mes doigts serrés. Mes doigts palmés.
Et j’cours. Et j’cours encore.

J’sais bien qu’suis pas un oiseau.
Mais j’vole quand même.
Comme ça.
En courant comme un con.
Comme un gros con qui vole en courant comme un con.
Qui vole pas.

J’bas des ailes comme je peux.
Autant qu’je peux.
Je cours comme ça et j’décolle.
J’décolle un peu.
En descente.
J’décolle un tout petit peu.
Suffisamment.
Suffisamment peu.
Suffisamment peu pour être un oiseau.
Un oiseau qui vole.
Avec ses bras.
Avec ses doigts tendus.
Comme ça.
Comme un gros con d’oiseau qui vole avec ses bras tendus.
Un gros con d’oiseau qui plane.

Parce que je suis un oiseau.
Parce que maintenant je suis un oiseau.
Un oiseau qui court,
Qui court
Et qui bat des ailes,
Comme un con.
Comme un vrai con qui vole dans le ciel.
Un vrai con au milieu des nuages avec ses doigts tendus.
Parce que je vole.
Je vole comme un oiseau qui vole comme un con qui vole comme oiseau.

A peu près.

Emanille a dit…


Qu'il ne "sévisse" plus...^^

Ah! Oui, de belles découvertes par chez vous !!